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Mois de l’histoire des Noirs: Pierre Coriolan

maladie mort

Le Mois de l’histoire des Noirs est aussi un moment pour se souvenir des personnes comme Pierre Coriolan.

Mais il y a peu de chance que ce nom soit prononcé dans les discours des politicien.nes. Les histoires qui ressemblent à celle de Pierre Coriolan sont des histoires qui dérangent. Évoquer les luttes du passé et une version édulcorée de la figure de Martin Luther King est la voie la plus sûre, la plus confortable.

Les faits remontent à juin 2017. Après avoir reçu des appels de voisins qui entendaient du bruit, des policiers se sont rendus dans le HLM où vivait Pierre Coriolan. En quelques minutes son sort était scellé.

L’enquête publique a débuté lundi. Dans le cas de Coriolan, on évoque bien sûr ses fréquentations, le taux élevé d’une substance psychotrope dans son sang, sa schizophrénie, le tournevis et le couteau qu’il tenait, les comportements dérangeants pour les voisins qu’il aurait eus dans le passé.

Toutes ces affirmations, mises l’une à la suite de l’autre, ne changent rien au verdict: sa mort est injustifiée.

Quand ces événements funestes adviennent, on cherche la raison ultime qui expliquerait l’usage excessif de la force. Des journaux ont repris le dispositif communicationnel des avocats de la police avec des titres comme «De la cocaïne dans le sang de Coriolan».

Sur Twitter, le sociologue Philippe Néméh-Nombré complétait avec justesse: «Et Anthony Griffin n’avait pas payé son taxi. Et Freddy Villanueva jouait aux dés. Et Nicholas Gibbs avait un couteau.»

Est-ce cela qui est attendu des policiers? Qu’ils dégainent mortellement leur arme à la moindre résistance ou à la moindre complication, notamment face à une personne en crise?

Demandons quelle justice, quelle dignité et quelle égalité y a-t-il pour ceux dont le profil et le parcours ne sont pas jugés assez lisses?

Est-ce exagéré de penser que le cas de Pierre Coriolan doit être replacé dans un portrait plus large, qui est celui de la brutalité policière, au Québec comme ailleurs? Ce n’est pas un secret que le SPVM a d’importantes failles dans ses pratiques d’intervention, entre autres en ce qui concerne le profilage des hommes noirs. Les données pour le démontrer ne manquent pas.

Ne perdons pas non plus de vue le fait que, si des policiers sont plus prompts à réagir de façon excessive quand le suspect est noir, consciemment ou inconsciemment, c’est aussi parce que «ça passe plus facilement» dans l’opinion publique.

Des chercheurs américains en psychologie sociale ont publié en 2008 une étude sur la déshumanisation des personnes noires. Ils ont noté, entre autres choses, qu’après avoir montré des extraits vidéo d’interventions policières à des participants, ces derniers jugeaient plus souvent l’usage de la violence policière comme étant justifié quand les suspects étaient noirs.

Les policiers semblent aussi intérioriser le fait qu’il est rare que ces événements se soldent par des accusations criminelles, comme dans le cas de Coriolan. Et l’impunité, immanquablement, ajoute une couche de violence pour les familles et les communautés.

Pendant le Mois de l’histoire des Noirs, comme le reste de l’année, rappelons sans relâche ces histoires «bien de chez nous». Demandons quelle justice, quelle dignité et quelle égalité y a-t-il pour ceux dont le profil et le parcours ne sont pas jugés assez lisses?

Quelles vies sont valorisées et défendues?

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